Transgénose -
Emmanuel Lesgourgues
Commissariat: Jean-Claude Thévenin
— Du 20 mai
au 1er juin 2025
Vernissage le mercredi 21 mai 2025 à partir de 18h
Le fait numérique
.Après ce continuum d’engendrements formels, avec Transgénose 3 (2021-2022) une parenthèse va s’ouvrir : Emmanuel Lesgourgues s’exercera à la création du fait numérique en se confrontant au trait pixel. Transgénose 3 est une vaste série qui s’organise chronologique- ment à partir de quatre variations sur des entrelacs de corps, créant ainsi des corps hybridés. Cette volonté de représenter des corps-à-corps à la torsion contrariée fait redécouvrir des probléma- tiques liées à certaines séquences historiques de l'art, particulière- ment la période maniériste. Une ambivalence entre chorégraphie et lutte des figures domine sur chaque unité ; ambivalence aussi entre dessin et sculpture, due à un traitement particulier de la texture des corps.
Dans ces déformations anatomiques, Emmanuel Lesgourgues a tra- vaillé particulièrement le rendu des épidermes, le traitement particu- lier de la texture de la peau - des grains à boursouflure subtile ou plus prononcée -, brouillant ainsi les frontières entre dessin et sculpture. À travers ces êtres hybridés, il nous montre qu’entre l’art du dessin et le fait numérique, cette activité perdure. Elle propose simplement une expertise supplémentaire de la ligne pixelisée dans l’espace du ta- bleau.
Du fait numérique au fait pictural.
Gilles Deleuze, dans son cours intitulé Sur la peinture (mars-juin 1981), dispensé à l’Université de Vincennes, remarquait que le fait pictural est « fondamentalement et essentiellement maniériste [...] La définition du maniérisme, c’est le rapport du corps visible avec la force invisible [...] Le maniérisme est en fait une dimension fondamentale, consubstantielle de la peinture ».
En dépassant la figuration sculpturale des corps contorsionnés la nouvelle variation de Transgénose reprend à son compte le pro- gramme maniériste explicite de la série précédente. Elle radicalise la déformation des corps dans le fait pictural par allongement horizon- tal en sa dominante, moins par leurs verticalités et fait dialoguer da- vantage ces figures-taches picturales avec la surface du papier. Comment peindre la chair d’un corps qui glisse sur un autre par un jeu de circonvolutions ? Emmanuel Lesgourgues aplanit par une tech- nique de superposition de traits, les corps enchevêtrés, jusqu’à leur évanouissement. Par des jeux de superposition, de variations succes- sives de fines couches à l’huile, les organismes apparaissent en un système vivant complexe. En termes Deleuziens, c’est la phase pré-picturale. Ces pré-formes, se retournent comme un doigt de gant en un nouvel organisme. Mais il y a un préalable dans ce travail de for- mation: des fonds roses, rouges, gris sont posés. Par ces fonds et la montée lente des couches picturales, un processus actif conduit à faire s’effondrer les coordonnées visuelles des éléments figuratifs pour faire advenir la force de la picturalité. C’est en ce sens qu’il faut comprendre les propos de Gilles Deleuze, à nouveau dans son cours sur la peinture :
BIOGRAPHIE
Emmanuel Lesgourgues naît en 1974 à Bayonne. Il vit et travaille entre Paris et Bordeaux où il a installé son atelier depuis 2 ans . Diplômé de l'école Camondo, en tant que designer et architecte d'intérieur. Il débute sa carrière chez Andrée Putman qui l’aidera à monter sa propre agence. Après cette carrière dans l'architecture d'intérieur et dans le design, il de- vient commissaire d'exposition et Directeur du fonds de dotation QUASAR, collection Art Contemporain qui abrite 2 600 œuvres, autour de 92 artistes français.
Il n’aura de cesse depuis le lycée, de mener en parralèle de ses études et de ses premières expé- riences professionnelles, une activité artistique. Il parviendra à s’y consacrer pleine- ment en 2005 en s’établissant dans son premier atelier à Ivry. Son travail plastique va se développer principalement autour du dessin, déclinant des thèmes organiques, des uni- vers cellulaires féconds ou modifiés, à travers des motifs aléa- toires, géométriques et une recherche sensible sur la couleur. Des formes denses, complexes, vont émerger de ses créations, formant un univers sexué et végétal en pleine métamorphose. Il va produire simultanément des séquences de photographies et de vidéos, jouant sur des probléma- tiques et interactions de points de vue. En photographie sa série « la terre vue de la terre » en vidéo sa série « Dance Floor »
EXPOSITIONS
2023 - Exposition personnelle "Apparition" / Chapelle Saint-Julien Petit Quevilly (76) 2023 - Exposition personnelle "Desseins 19-23" / Espace Beaulieu Bordeaux (33) 2022 - Exposition collective "Transfigurer" / Labastide de Clairance (64)
2021 - Exposition personnelle "Transgénose" / Galerie Six Elzévir - Paris
2021 - Exposition personnelle "Chimères cellulaires" / Musée de Guéthary
2015 - Exposition personnelle "Collection hiver 2015" / Lagardère Interactive - Paris
2013 - Exposition collective "[∞] et autres cycles" / Lieu d’art La Tannerie - Bégard (22)
2013 - Exposition collective "Effervescence, les dessins de la genèse créative" / Ecole Paris La Villette 2012- Exposition collective "Chambre d'amis" / Lieu d'art La Tannerie - Bégard
2012 - Exposition collective "Le dessin sur papier" / Galerie Six Elzévir - Paris
2010 - Exposition collective "Urban Art Box" / Art Actuel Communication - SHISEIDO - Paris
2010 - Exposition collective "Urban Art Box" / Art Actuel Communication - SHISEIDO - Milan
2009 - Exposition collective "Desseins animés" / Galerie Arrêt sur l'image - Bordeaux
2009 - Exposition collective "Vue intérieure" / Collectif Vous êtes ici - Paris
2008 - Exposition collective "My detour in Berlin" / Concours Détour Moleskine - Berlin (Lauréat) 2007 - Exposition personnelle "Etat intermédiaire" / Lieu d’art "A suivre" - Bordeaux
2006 - Exposition personnelle "Vert Solitaire" / Showroom "Il était une fois" - Paris
2005 - Exposition collective "12 x 21 x 8" / Showroom "Il était une fois" - Paris
2003 - Exposition collective "Tamaris(k)" /Crypte Sainte-Eugénie - Biarritz

« C’est la déformation de la forme qui doit rendre visible la force, qui, elle n’a pas de forme. L’acte de peindre, c’est capturer une force. Il faudra que la forme soit suffisamment déformée pour que soit capturée une force ».
Qu’elle est la résultante de ce long travail, petit trait par petit trait, comme les touches impressionnistes d’un Cézanne ? Quelles formes picturales peuvent rendre visible la force qui n’a pas de forme ? Nous avançons l’hypothèse que ces formes maniérées issues d’organismes invertébrés résultent de la poussée de forces intrinsèques aux corps eux-mêmes, organismes de chair boursouflés à la manière des « bol- bozzi », des gravures d’Hendrik Goltzius. Ces formes excessives, en relief, sont obtenues au moyen d’un clair-obscur, des valeurs claires, roses et rouges, jusqu’à l’obscur des gris et du noir. Nous avons sous nos yeux une déclinaison fertile de poussées anamorphotiques de chair picturale.
Du fait pictural au fait sculptural
Dans cette exposition, parallèlement à sa série Transgénose 4, Emma- nuel Lesgourgues nous présente une somme de sculptures. Celles-ci paraissent autonomes, mais à regarder de plus près, elles ont un lien intime avec les variations de Transgénose. Ces sculptures « abstraites » se présentent sous la forme chaotique d’assemblage de blocs, réali- sé à partir d’injections de mousse polyuréthane dans des ballons de baudruche. Ces ballons sont contenus à l’intérieur d’un premier ballon, comme leur mise en abyme. La mousse augmente ainsi le volume du ballon qui les englobe, puis la matière s’externalise pour un contact avec l’air d’où un processus de durcissement pour s’ac- complir dans un état final. C’est ainsi que les ballons s’évanouissent dans la matière polyuréthane. Les volumes qui en résultent s’auto- construisent selon de pures règles physiques, échappant de fait à la maîtrise de l’artiste. L’aléatoire, la déformation de la matière due à la procédure technique elle-même, nous donne la sensation de ne connaître aucune limite. Ce conglomérat de boursouflures s’expose dans une sorte d’ambivalence : à la fois lourd, prêt à s’effondrer, et comme en apesanteur. Emmanuel Lesgourgues redéfinit ainsi le code de la sculpture contemporaine comme l’ont fait avant lui des artistes sculpteurs au cours du siècle dernier.
Nicolas Schöffer distinguait dans la sculpture trois procédés tech- niques : « ... celui qui consiste à prélever la matière dans un bloc com- pact, celui qui consiste à façonner une matière molle pour créer des formes, enfin celui qui consiste à fabriquer ce que l'on veut réaliser ». L’apport d’Emmanuel Lesgourgues est principalement de produire le fait sculptural à partir de l’agir puissant de l’aléatoire. On avancera par conséquent l’hypothèse que ces formes d’excroissance de polyuré- thane peuvent être la manifestation en trois dimensions des orga- nismes invertébrés des peintures de Transgénose 4 - et pourquoi pas, aussi, de l’ensemble de la série de Transgénose. On l’a vu, les sculp- tures d’Emmanuel Lesgourgues portent en elles des traits esthé- tiques du Maniérisme. Leurs formes sont issues d’équilibres fragiles, parfois produites par « accident », toujours par croissance aléatoire, une instabilité qui provient du mode de développement de la nature. Emmanuel Lesgourgues fait siens les processus de création du vivant.
Jean-Claude Thévenin
emmanuel lesgourgues@denisthomasphotographie
«Ce qui m'importe, ce n'est pas tant de se demander où l'on va, que de chercher à vivre avec la matière.» Le dessin d'Emmanuel Lesgourgues pourrait être guidé par cette affirmation d'Henri Matisse. Car c'est bien la matière, vivante, qui est au cœur de son processuscréatif. La répétition obsédante, spasmodique demotifs veut exprimer l'idée d'une matièreévolutive, à l'instar des cellules des organismes vivants. « J'appréhende le dessin comme un laboratoire de découvertes et de curiosités » (Emmanuel Lesgourgues).
Sa syntaxe revendique l'écriture aléatoire, uneconstruction non vo- lontaire, où l'images'autoconstruit, véritable mitose graphique. La fusion cellulaire explore de nouveaux mondes. Sa première série réa- lisée sur tablette numérique, États intermédiaires, met en place sa syntaxe : le dessin initial provoque le suivant, combinant des
formes d'écriture qui n'avaient pas vocation à être ensemble, dans un continuum aléatoire dont l'artiste n'a pas déterminé la fin.
Cette fascination pour la transformation continue qui définit le vivant s’affirme dans les titres de ses séries suivantes, tous empruntés au lexique scientifique (qui renvoie à la terre, au vivant, à la génétique). L’artiste, particulièrement sensible à la vitesse à laquelle le monde bouge et à ses bouleversements.
En 2005 il créé sa première série « Transgénose », il poursuivra se tra- vail à travers différents médias.
Ces deux dernières séries « Transgénose 4 » et « Transgénose 5 » sont présentés à la galerie 24B
https://www.emmanuellesgourgues.com/
COMMISSARIATS
2024 - Jeanne Lacombe "L'atmosphérique"/ La galerie - Peyrehorade (40)
2023 - Quasar - "Une odyssée landaise 1980-2020"/ Couvent des Jacobins - Saint-Sever (40)
2022 - François Priser. L'oeil peint" / La galerie - Peyrehorade (40)
2021 - Lionel Godart. Regards en atelier" / La galerie - Peyrehorade (40)
2021 - Jean-Pierre Bourquin. Regards en atelier" / La galerie - Peyrehorade (40)
2020 - Couleur de Vin" / Château Haut Selve - Bordeaux
2020 - Constellation" / La galerie - Peyrehorade (40)
2019-2020 - Quasar - La collection" / Musée des beaux-arts - Pau
2018 - "Courant à contre-Courant" & "Courant à contre-Courant 2" / La galerie - Peyrehorade (40) 2017 - Dans-Dedans" / Lieu d'art La Tannerie - Bégard
2017 - Stéphane Hazera. Regards croisés - La figure" / La galerie - Peyrehorade
2017 - Stéphane Hazera. Regards croisés - Le paysage" / Chemins de Bideak - Saint-Palais
2016 - Rétrospective Jean-Claude Pinchon. Instinct Couleur" / La Villa Beatrix Enea - Anglet
EDITION
2022 - Chimères Cellulaires" / Livre 112 pages - Séries de dessins 2018-2022 RESIDENCE
Jakmousse - Montreuil (93) / Projet Dance Floor Jakmousse Novembre 2022 Estives en résidence - Guran (31) / Projet Humanimalité - Septembre 2022
Quelques oeuvres exposées:






