JEAN-BAPTISTE SÉCHERET

Jean-Baptiste Sécheret fait partie de ces grands artistes contemporains intensément inspirés par le paysage. Sans renier sa filiation avec les paysagistes du XIXe siècle, il approfondit son regard sur la nature et les « choses vues » — monuments, immeubles, usines, maisons de village — en variant les points de vue, en inventant des clairs obscurs insoupçonnés. Son inspiration ne se restreint pas : un bord de mer à Trouville l’émeut tout autant que des gratte-ciels newyorkais.

De manière sérielle, parfois en suivant la lumière du jour à la façon d’un Monet, il travaille inlassablement sur le motif, s’essayant à tous types de médiums (peinture à l’huile, aquarelle, fusain, gravure…), avant de poursuivre ses œuvres à l’atelier, voire de les reprendre en les changeant d’échelle. Y compris dans ses saisissants portraits, il se dégage de ses dessins, de ses peintures et de ses estampes un sentiment d’intemporel et de vide. Rien d’anecdotique ne distrait le dessinateur, qui cherche inlassablement à dénuder le monde ; ses montagnes ne dorment pas tout à fait, ses arbres ne sont pas au repos, ses visages frémissent sous leur calme apparent — une sourde fureur est à l’affût ; et aussi une poignante nostalgie, le sentiment palpable de l’émouvante vulnérabilité des êtres et des choses.  

JOËL PERSON

Joël Person est un des artistes-« satellites » des Cahiers dessinés, qui lui consacrent enfin une monographie, éclairée par les textes de Frédéric Pajak, de Philippe Garnier et de Callisto Mc Nulty.

De Joël Person, on connaît les chevaux au corps puissant saturé d’énergie, les portraits saisissants emplis d’une électricité sourde, les bacchanales érotiques où jambes, bras, torses féminins et masculins se mêlent en une frénésie à la fois explosive et parfaitement maîtrisée.

Au tour, maintenant, de sa série « Bruits du monde » d’être présentée à un large public : depuis plusieurs années, il saisit à la pierre noire sur un format de 29,5 x 29,5 cm des scènes de vie aussi bien dans la rue, le métro, les bars que dans l’intimité d’une chambre ou de son atelier. Manifestations, meetings, heures de pointe, scènes d’abattoir, mais aussi baisers volés, assoupissements, réveils tendres ou solitaires — de carré en carré, l’artiste réalise une véritable chronique du temps qui passe, époustouflante de virtuosité et de sensibilité à fleur de peau.

Une œuvre inédite, d’une envergure véritablement exceptionnelle, tout comme sa série « Carnets de note » réalisée au rythme des nombreux concerts de musique classique et de jazz qu’il esquisse en live. Chaque dessin s’inscrit dans la temporalité propre et exacte du concert, sur le vif, comme une respiration commune avec celle des musiciens. Du portrait précis et ressemblant à la vue d’ensemble scénique, Joël traduit une extrême acuité du son et de la forme, un déroulé du concert en double page comme une écriture musicale.