Oxygène #.2

Exposition


— Du 15 octobre 2019 au 24 mars 2020





Avec les expositions «Oxygène #.1» et «Oxygène #.2», la galerie expose un choix de sa collection aux côtés d’ oeuvres d’artistes représentés ou invités. 


Oxygène - D’après un texte Bianca Cerrina Feroni
(ce texte fut à l’origine écrit pour l’exposition Oxygène #.1 et réadapté pour sa partie 2 et 3).


Depuis des années, le peintre iranien Manouchehr Niazi pense que les arbres auraient beaucoup à nous dire, si seulement nous savions les regarder et les écouter. Même s'ils ne parlent pas, ils suggèrent des pensées et, à ceux qui ont un esprit sensible, ils font deviner quel est le sens profond du monde.

L’oxygène est le trait d’union entre l’humain et le végétal : il nous permet de vivre et l’atmosphère en est emplie. C’est grâce à l’oxygène que nous existons et que nous rentrons en contact avec le monde qui nous entoure.  Nous respirons et en respirant nous participons à une osmose continue tout en restant nous-mêmes, des individus.

Dans cette exposition qui réuni sept artistes venus d’horizons, pays et époques différents, un fil rouge traverse les œuvres : il s’agit d’une sensibilité commune qui cherche à capter notre rapport à la réalité naturelle. Comme le dirait le philosophe Emanuele Coccia, ce rapport existe grâce aux plantes, à l’oxygène qu’elles produisent et que nous respirons.

Ce n’est pas seulement à travers l’observation que nous pouvons questionner la nature disait encore Niazi : “il faut que chacun de ses souffles coule dans nos vie de tous les jours”. Le titre de l’œuvre d’Aurelio Fort poursuit cet avertissement : c’est bien “le chant des arbres” qu’il faut écouter avec toute cette matière vive qui s’exprime dans leur cortex.  

Il faut prêter l’oreille à la nature qui sait se faire comprendre même à travers ses silences. C’est ainsi que Emmanuel Dilhac interprète la nature. Il écoute ses sons, il regarde ses formes et les traces qu’elle laisse et dessine ensuite minutieusement les planches en bois avec du pigment noir. Sur une sorte de stèle antique, le mystère de la relation entre l’homme et la nature est peint avec des formes simples; les visages entassés sont mélangés à des lignes que l’on dirait énergétiques. Dans cet amas, les vibrations du mouvement secret de l’univers résonnent.



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En passant d’une œuvre à l’autre, on retrouve des proximités indéfinies et évidentes à la fois. Les œuvres sont traversées par une sorte de récit composé des racines et des feuilles, de terre et de ciel, de fluidité et d’immersion, d’envoûtement.

Les peintures de Julie Perrin constituent un paysage vivant où s’esquisse une gestuelle, où l’on voit danser moins des formes végétales que d’étranges figures humaines dont les bras semblent se lever.

La frontalité des forêts du début de l’exposition fait écho aux foules silencieuses tintées des calligraphies humaines, encore de Niazi. Ces œuvres parlent de densité. Les multitudes humaines entrent en résonance avec le chahut des lettres peintes par Alain Blondel à leur tour signe d’une correspondance “inframince” entre l’intime et le monde, l’intérieur et l’extérieur. Les lettres deviennent le signe paradoxal d’une nouvelle attention vers une nature considérée sans parole.

Enfin c’est grâce à l’oxygène que l’échange avec tous les autres éléments de l’atmosphère a lieu. Par ce biais, les qualités migrent et se diffusent en nous restituant une image d’interconnexion avec tous les éléments.

A l’opposé des agglomérations du début, l’exposition nous rvèle également au sous-sol une atmosphère raréfiée comme si nous étions sur une planète où les grottes ne sont plus les mêmes. Dans l’œuvre de Simone Pellegrini des bulles d’air suspendues contiennent et font sortir des particules qui nous restituent une image d’interdépendance qui fait écho aux flux réticulaires de Blondel.

Chez Albert Palma, ce n’est que plume, pinceau, encre et papier, mais la quête del’infiniment petit y rejoint celle de l’infiniment grand. Ce ne sont que points, traces et traits, mais un souffle patient les emmène de concert. Une danse de la main vient dévoiler des paysages originels, des éléments de monde, aux interprétations toujours recommencées. Comme l’écrit Jean-Luc Nancy, « s’il vient ici des montagnes, des mers, des feuilles ou des branches, deséclairs ou des peaux, des tissus, ce n’est que par rencontre avec vos souvenirs, vos impressions, vos songeries, mais sa main pour sa part ne rencontre que l’espace, l’étendue sous elle couchée, contre elle tendue ».

Interrogeant le sens de notre relation au monde, l’oxygène, l’air exprime aussi cette idée de connexion. Dans cette relation insaisissable de l’humain au cosmos, ces renvois constants d’oxygène sont ainsi la marque de notre être réellement connecté aux végétaux, aux autres êtres et à l’atmosphère.






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