Blame It on my Youth

Exposition 


Une proposition de l’ABA, l’Aumonerie des Jeunes Artistes

       

— du 14 au 25 septembre 2021


Vernissage le mardi 14 septembre à partir de 18h




À vin nouveau, outre neuve !

Une aumônerie ?

« Une aumônerie, ça doit servir à faire l’aumône. Et c’est l’aumônier qui distribue l’argent… Non ? »

Non. On imagine mal les aumôniers de prison distribuer de l’argent aux détenus. Autrefois c’était à peu près ça dans les abbayes. Mais aujourd’hui, une aumônerie regroupe des personnes croyantes dans un cadre social spécifique. Pour les chrétiens c’est un Service qui assure une présence dans des domaines publics précis : lycées et universités, hôpitaux, prisons ; et des professions : enseignants, armées… et en l’occurrence les jeunes artistes, le monde de l’art. La loi française de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, permet qu’un aumônier, prêtre ou laïc de n'importe quelle religion, soit mandaté pour apporter un soutien spirituel à ces groupes.

Un parrain.

Ainsi, je connais les artistes, plus ou moins impliqués dans ABA, et leur travail aussi. Y compris le parrain de cette exposition, Gérard Traquandi. Il a très gentiment accepté de faire le déplacement spécialement pour nous, de rencontrer les exposants et de prêter une œuvre pour l’exposition. Mais je tiens à le remercier, avant tout pour la richesse de ses œuvres, peintes, photographiques, dessinées ou gravées. J’ai la chance de les fréquenter depuis 1996, et d’en recevoir de stimulants moments d’émerveillement. Stimulants pour la foi, stimulants pour la vie.

Un événement.

L’exposition est aussi l’occasion de présenter le fanzine lavatronic pour la première fois. Il est le fruit d’un long travail. Quatre dessinateurs, plus ou moins proches des univers de la Bande dessinée confrontent leur recherche avec humour et invention. Leur travail est introduit par Philippe Piguet, directeur artistique de Drawing Now, le salon du dessin contemporain.

Le fanzine lavatronic, lisez-le !

Des œuvres.

Malheureusement, au moment où j’écris, je ne connais pas ou très peu les œuvres exposées. Et encore moins leur association in situ. Je regarde les photos proposées pour ce catalogue. Elles rendent bien la diversité des médiums pratiqués. Et plus encore la variété des recherches artistiques. Mais qu’est-ce qui les rassemble ?

Visiblement, une grande simplicité. Volumes, surfaces, lignes, compositions et matériaux, dénués de tout embonpoint satisfait, connaissent l’ascèse. Une certaine sobriété issue déjà d’un long travail. Y compris sur soi.

Car, invisiblement, c’est aussi l’authenticité de leur quête de vérité qui les rassemble. Une vérité à l’écoute du plus intime, du plus informulé d’eux-mêmes, toujours imprégné des vibrations du « monde flottant » qui nous entoure, mais décalé du main stream.

Des artistes.

erwan de beauchaine, propose ici un travail original par rapport à la constance de ses dessins au pastel gras sur affiches et les vidéos rythmées qui les composent en de fabuleux récits. Sans en perdre « le fil » : le trait qui dessine et désigne au-delà. Un soleil qui prend corps, une transfiguration de la chair ? Seules des entrailles peuvent éprouver leur nécessité viscérale.

antoine duchenet, à côté de ses sculptures et installations, entreprend un exigeant travail de peinture. Il y fait surface des formes extraites de la médiocrité esthétique du commerce urbain. Il les compose pour en subvertir l’apparente lecture instantanée. Approchez-vous : la surface vibre, les limites se troublent, l’emblème fait substance et de subtiles traces racontent l’histoire de leur apparition.

thibault lucas, maître d’œuvre de l’exposition, nous entraîne dans l’œil du cyclone, point d’équilibre au cœur des classiques oppositions : entre grandiose et minuscule, trivial et sacré, luxe et pauvreté... Avec une telle humanité qu’il émeut jusqu’au désir d’absolu. Si l’ermitage au mont sacré n’était que polystyrène, ce caillou peut me devenir temple.

fabien meisnerowski confectionne religieusement, amoureusement, des objets où la qualité des matériaux irradie autant que les formes. Ad libitum, l’expression latine qu’on peut y lire, ouvre notre regard, invité à se libérer pour accueillir - à volonté - la grâce d’une intelligence sensible. La patine, fragile, appelle la caresse ; elle se goûte : et la saveur d’un memento mori n’est plus amère.

tatiana pozzo di borgo peint des œufs. Elle ne met pas de la peinture sur des œufs mais représente des œufs en peinture. Des œufs et leurs boîtes aux formes complexes, elles. En dédoublant la perspective, en élargissant mon point de vue. Alors la peinture et le regard, sur les œufs et sur sa peinture entrainent loin. Dans la fragile perfection de leur forme banale, pure et simple, peu à peu les œufs peints par Tatiana m’indiquent un mystère totalisant.

pauline rima nous offre des formes parfaites aux couleurs pures. Le regard hésite : objets tendances, très design, sculptures abstraites, détournement de profils du banal quotidien ? Nous ne saurons pas : cette hésitation élève notre regard, je veux dire l’éduque et le réhausse.

Formes simples.

Qu’on me permette de rapprocher, en-deçà du travail des historiens de l’art, avec un rien de fascination, les dessins tantriques, l’Oiseau dans l’espace ou le Poisson de Constantin Brancusi, les visages du groupe de Syros -Cycladique ancien, les alignements de Richard Long ou Carl André, les monochromes d’Yves Klein ou les tableaux blancs de Robert Ryman qu’une pièce à succès a raillés, les Lames de Marc Couturier… Après tout, Jean de Loisy le proposait déjà en 2014 au Centre Pompidou-Metz. Une fascination que les jeunes artistes actuels intègrent pour l’interroger, la dépasser et s’en libérer.

Blame it on my youth.

Le premier succès de la chanson remonte à l’enregistrement de Bing Crosby en 1935 ! Ce n’est pas tout jeune, n’est-ce pas ? Pourtant ils l’ont choisi pour titre. S’excuseraient-ils de leur jeunesse ? Certainement pas. Il ne se cherchent aucune excuse. « La valeur n'attend point le nombre des années ». Et les Pères du désert n’hésitaient pas à appeler vieillard un frère d’une trentaine d’années s’il avait su se laisser imprégner par l’Esprit d’Amour et de Vérité. Que ces jeunes artistes ne s’en prennent qu’à eux-mêmes, de plus en plus librement, sans honte ni scrupules, imprégnés par l’Esprit créateur : la responsabilité de l’artiste réside en partie dans son irresponsabilité frondeuse, hors des sentiers labourés d’ornières, de convenances et de conventions. Ma vieillesse en connaît quelques-uns des dangers et blessures, tellement longues à cicatriser.

« A vin nouveau, outre neuve ! », et ça, c’est dans l’Evangile (Mt.9,17 ; Mc.2,22 ; Lc.5,38). Hors des sentiers battus, le Christ annonce un vin nouveau, signe du règne de Dieu. Le travail de ces jeunes artistes, parfois douloureux, en cherche l’ivresse, parfois désespérément. Qu’ils nous en transmettent le désir !


Michel Brière 















Quelques oeuvres exposées:




Avec le parainage de
Gérard Traquendi et la participation de :

Erwan de Beauchaine
Antoine Duchenet
Thibault Lucas
Fabien Meisnerowski
Tatiana Pozzo di Borgo
Pauline Rima

Et la présentation en 100 exemplaires de Lavatronic signée de Bertille Mennesoon, Philippe Brenac, Michel Perot, Jean-Marc Forax; et préfacée par Philippe Piguet



Tous les jours de 12h à 19h

La galerie se soumettra aux règles sanitaires en vigueur