Alain Blondel - SYMBIOTIKS

Exposition


— Du 4 Juin

Au 5 Juillet 2020


— Prolongation du 1er au 17 octobre 2020




Prendre rdv pour visiter l’exposition    




"Symbiotiks", triptyque, Cire d’abeille et huile sur toile, 90cm*270 cm, 2019






J’ai souhaité poursuivre la présentation des « Symbiotiks » d’Alain Blondel au delà de la première session du mois de Juin.

Cette exposition, pour moi, montre combien l’image peinte peut  faire du Bien et nous transporter dans des
« ailleurs » si bienvenus en ces temps troublés.

Aucune raison donc de s’en priver.

Comme au mois de Juin la galerie se soumettra aux règles sanitaires en vigueur en vous demandant d’organiser votre visite par un rdv .

Cela me permettra de vous garantir de bonnes conditions de visite et, comme dans la première session printanière Alain Blondel sera aussi là pour vous recevoir.


Emmanuel Bouvet


- Le présent lien vous permettra de réserver le moment de votre visite




Texte de Laurence Campa
Ecrivain, Professeur de Littérature française  à l’Université Paris-Nanterre  
avec Alain Blondel


Symbiotiks

Enluminer la vie

Les peintures d’Alain Blondel sont des rencontres.
Rencontres de la surface et de la profondeur, de l’espace et de l’instant, de la vitesse et du suspens.

Rencontres fortuites et nécessaires, toujours surprenantes, de formes labiles, plurielles, évanescentes, surgissantes, aux variations grisantes. Sur la toile ou le papier, l’œil se pose, plonge, s’émeut, caresse, écoute, hume, lappe, se fond dans un univers mouvant que la sérénité baigne cependant.

C’est au cœur de cet espace dense, vibrant, généreux, que se rencontrent le peintre et le spectateur, aux confins de la matière et de l’imaginaire.



Les dimensions du monde


Quel est mon sujet ? se demande sans cesse Alain Blondel. Quel écho mon travail trouve-t-il dans le monde ? Questions cruciales qui sollicitent notre façon d’être, nos représentations, nos perceptions. Peindre consiste à élargir notre réalité, trouver des angles neufs, manifester l’inaperçu, saisir l’énergie qui nous traverse et les sensations que délivre le monde.

Les choses existent sans nous. Il n’y a pas à les recréer à la façon du démiurge, ni à révéler de l’Être, de la substance ou quelque arrière-monde caché derrière les phénomènes. La vie est là, toute entière, immanente. Elle circule partout, fluide, informe, et devient visible en passant dans le cadre du tableau. Chaque toile renouvelle l’expérience et trouve sa propre réponse. Chaque fois, la main saisit des formes perdues dans le chaos et en dégage des images. Voici précisément le sujet : le passage ou, pour mieux dire, le transport  des images.

Avec Symbiotiks, Alain Blondel explore l’infiniment petit. Auparavant, il s’est tourné vers l’immensité du ciel, l’infiniment grand. Sensible à la résonance mutuelle des deux dimensions, il a dissipé les polarités du proche et du lointain pour s’installer dans leur tension. La toile se fait cosmos et chambre d’échos.


Symbiose de la matière et de la main


La surface n’est pas un écran sur lequel le cerveau du peintre projette des images toutes faites, des stéréotypes. Elle s’est débarrassée des simulacres, des bruits, des savoirs parasites — sans quoi, elle ne serait qu’un mur, une impasse. Une fois neutralisée, elle accueille le monde au lieu de réfléchir comme un miroir. Alors la main circule sans idée préconçue, sans commandement mental. « La surface magnétise la main. »

Tel le peintre, le spectateur s’étonne lui-même : il ne reconnaît aucune forme commune, aucun déjà-vu. La sensation cependant lui semble familière, comme si les contours de sa propre expérience s’animaient soudain sous ses yeux.

La matière est le vecteur. Nul besoin de ressources hétéroclites, étrangères à la peinture. Les moyens fondamentaux de l’art suffisent avec leurs limites infinies. Grâce aux contraintes qu’ils imposent – que le peintre s’impose -, le geste se concentre et produit l’inattendu. La peinture travaille toute seule. Point d’ordre ou de géométrie : les formes sillonnent la surface à leur gré. Quand le format carré les contient sans autorité en dépaysant les habitudes visuelles, le rectangle accompagne naturellement le regard.

Tels les classiques, Alain Blondel commence toujours par le papier, partant par le dessin afin, comme le disait Van Gogh, de se frayer un passage à travers le mur de fer qui sépare ce que l’on peut de ce que l’on sent. Le possible produit des sensations. Une fois la texture métamorphosée, le support disparaît pour devenir matière.

La couleur même est matière ; elle rend des comptes à la matière. Comment, dans un monochrome, produire la densité de la vie, son mouvement même ? Mélangée à l’huile, la cire d’abeille densifie la couleur et l’anime. Dans ces aplats qui n’en sont pas, selon la leçon de Rothko, le regard pénètre le feuilleté du monde par la force de la couleur. Le fond n’est pas une limite, ni une frontière, mais un espace mobile, aussi vivant que les formes dessinées qu’il recueille.














Mon Rêve:

Accéder au minuscule, au primordial, en percevoir les formes, les matières. S’y glisser, en ressentir ses états, ses textures, lentement séjourner dans cette nuit rendue à sa lumière. Ainsi effleurer le vivant, en rendant enfin visible les symbioses comme formes complexes et universelles de la nécessité amoureuse. Pour la vie.


Alain Blondel





Commissariat Ingrid Pux
Cette exposition est à la mémoire d’Ingrid Pux que nous aimions.
Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 20h - SUR RV










Pourquoi le vert, l’appel du vert ? Ses variations stimulent la profusion vitale, attisent la multitude des vies minuscules. Le vert prend sens par la matière qui le porte. Étonnamment, il mène au rouge, à la nécessité du rouge, couleur difficile, censée fixer la perception. Travailler le rouge pour lui donner la même profondeur que le vert et retrouver ainsi leur union originelle : jusqu’au XIVe siècle, le vert et le rouge portaient le même nom héraldique, sinople. Les enlumineurs le savaient.

Le dripping fait flotter les couleurs, jouer les plans, discerne le provisoire. Les pointillés sont des lieux de circulation, des points de contact. Le trait n’est jamais clôture. Tout ce qui vient définir, cerner, entourer un objet le tue. L’arrêt sur image n’est qu’une construction mentale pétrifiante. Rien ne doit jamais être arrêté car la vie grouille, nous file entre les doigts. La forme ne préexiste pas au mouvement ; elle naît de l’activité, de l’énergie qui nous travaille. Le trait ouvre sur la possibilité d’une forme aussitôt déliée de son origine. Elle ressemble à un mot détaché de toute syntaxe, comme un vouloir-dire.

Allié à la discipline du peintre, le hasard compose des rythmes et des liens. Des liens provisoires, « libertaires », qui s’inventent sans cesse et qui fusent. Certes, la peinture est normative, elle montre ce qu’il faut voir – mais sans jamais entraver la vision, l’émotion, l’imagination.


La danse des sens


Suis-je dans l’eau ou dans l’air, dans la terre ou le feu ? Au cœur des perceptions élémentaires, le spectateur se laisse happer par un motif, un palimpseste, une trajectoire. Il entre lui aussi en symbiose et de cette communion organique naît un nouvel espace-temps, dénué de tout caractère duel, directionnel, devenu sensations pures, « bonheur muet ».

La peinture est avant tout affaire sensuelle, hyperesthésique. La matité produit la douceur. Comme si l’on plongeait les mains dans la terre tendre. S’en dégage une harmonie sensuelle, naturelle, instinctive, où l’œil se sent flatté, séduit, jouit des couleurs.

Choisir le beau pour affronter l’horreur du monde, tel est le projet d’Alain Blondel, sa responsabilité d’artiste. Dire le drame du monde en dansant, en chantant, comme Miró et Monet, ses « maîtres absolus ». Comme Niezsche dont il se sent si proche. Greffée sur une profonde tristesse, sa grande gaîté nous aggrippe et nous emporte…

Et sa main danse…


Laurence Campa



Quelques
Oeuvres Exposées